Au café Mollard
Poème en prose
"Dans la rue il y a mon amour. Dans la forêt il y a
mon amour. Dans la nuit il y a mon amour. Mais mon amour est dans mon
coeur et tant que celui-ci battra, il sera toujours vivant. Tremblant. Respirant. Elle est là,
tout contre moi. Ses yeux me font respirer. Sa poitrine me fait trembler. Ses pieds me font rêver. Je
ne me relèverai pas tellement elle me subjugue. Grâce à elle, je tremble, je respire, je
m'émerveille, je me réveille, je ne dors pas, je ne vois qu'elle. Elle est
encore là. Elle sera toujours
avec moi. Jusqu'à ce que je ne sois plus rien. Poussière d'étoiles, amas de
souvenirs, de rires cristallisés. Mais elle est toujours là pour l'instant.
Elle me fait vivre, respirer, grandir, vieillir
et surnager. Elle est mon tout, elle est ma lie, mon hallali, mon miroir, mon
soleil et ma lune, mes étoiles, mon ciel entier, mon hymne, mon chant, mon
désir et mon délire. Et elle est là et
elle me voit. Elle me sourit, cligne de l'oeil. Dans son oeil, il y a
l'univers. Dans sa pupille, la galaxie, dans son âme il y a mon coeur.
Car je lui ai donné un soir d'hiver. Un soir d'été elle me l'a rendu mais tout
cela n'est qu'illusion car je l'ai enfin retrouvée puisqu'elle ne m'a jamais
quitté. Elle ne m'a même jamais oublié. Elle m'a aimé toute l'année et tout le
siècle et tout le millénaire. Ainsi nous ne
sommes qu'un seul pour toujours. Toujours et jamais.
Je suis ton coeur, ton âme, tes rideaux, tes
flammes, je suis ton ensemble, ton tout, ta merveille, ton trésor et ton fou.
Je veux te faire rire et sourire et crier et chanter toute l'année. Je veux te réveiller tout l'été
avec du café. Des croissants, du sucre, des cadeaux, des mystères. Un différent
chaque jour et voir ton sourire,
jamais le même. Je créerai ton sourire car je suis capable de lui donner tout
son éclat, toute sa flamme, son charme, son idéal et même ses larmes. Je suis
ton printemps et ton automne, ton soleil et
ta nuit, ton mystère et ta clef. Je peux te trouver même si tu te caches au fond, au fin fond de l'oubli. Car
nous ne sommes qu'un, nous ne sommes qu'amour ensemble, pour toujours et pour jamais, dans l'infini comme dans le creu
de ta main, le creu de tes reins; ta
folie, ton vertige, ton idéal, ton passe-partout. Ton comble, ton rire, ton
espoir, ta débauche, ta désillusion
et ta pensée. Encore aujourd'hui je me suis réveillé et je t'ai vue, mon unique amie, ma créature, celle que j'anime et que
je pousse, que je fais luire et puis mourir, jusqu'au lendemain car tu
es éternelle du moment que je plonge dans tes yeux, tes si beaux yeux, que je
peux prendre ta main, sentir tes doigts, les parcourir, sentir chaque frisson
que je provoque au plus profond de ton être.
Ton être et ton image, ton esprit et la pellicule de ta peau dont le contact
me rend fou à la folie et cela pour toujours.
Tous les deux nous irons là-bas, nous irons au
loin, au bout du chemin, sur la route, dans la lande, Nous serons unis encore
et encore et nous découvrirons le paysage, les animaux, les villes et les hommes, les femmes et les objets, et nous
aimerons les mêmes choses car nous sommes faits de la même veine. Nous nous tiendrons par la main et
nous serons ensemble dans le lointain. Demain, après-demain et encore
et encore car nous sommes là et nous nous sourions. Pourquoi y aurait-il une fin à tout cela? Pourquoi ne pas croire
que c'est un principe éternel? Celui de l'amour, celui de la flamme, de la création et des larmes, dans
tous les pays par tous les temps, chacun est un peu moi et chacune un
peu toi, encore et toujours jusqu'au petit matin, l'un après l'autre et puis encore un. C'est là que
nous nous rencontrons mais n'est-ce pas depuis le tout début? Y a-t-il un début? Y aura-t-il
une fin? Nous ne le savons pas, ça nous n'en savons rien. Pas plus que chaque instant il ne manque quelque chose.
Car tout en nous sourit du présent, plein et rempli de joie, de lumière,
ignorant le froid, la faim, la fatigue, la détresse. Car nous sommes deux et c'est ce chiffre-là qui
compte. Principe fondamental de tout l'univers, imaginaire ou réel, toujours deux, toujours cruels, avec ce qui nous
entoure car nous ne pensons qu'à nous, dans tout le monde je vois ton regard,
dans tout l'univers tu sens mon coeur."
Paul-Eric Langevin, Café Mollard, Paris, 2005.
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