Hélène Langevin naît le 25 mai 1909 à
Fontenay-aux-Roses (Val-de-Marne), fille de Paul Langevin, professeur au
Collège de France. Elle est élevée à Paris avec ses deux frères et sa sœur.
Elle fait ses études secondaires au lycée Fénelon.
En 1929, elle épouse Jacques Solomon, né le 4 février 1908 à Paris 18e, chargé de recherche en Physique théorique au Centre national de la recherche scientifique.
En 1934, Jacques Solomon adhère au Parti communiste.
Il enseigne à l’Université ouvrière et collabore aux Cahiers du Bolchevisme
ainsi qu’à L’Humanité. Il est l’un des secrétaires de l’Union des
intellectuels français pour la justice, la liberté et la paix. Le couple habite
alors au 3, rue Vauquelin à Paris.
La Résistance
Le 30 octobre 1940, Paul Langevin, alors âgé de soixante-huit ans, est arrêté à son domicile par Bömelburg, adjoint de Speidel, et emprisonné à la Maison d’arrêt de la Santé. Les protestations, la manifestation des étudiants devant le Collège de France le 8 novembre 1940 : « Libérez Langevin », font réfléchir les Allemands, qui le relâchent le 15 décembre 1940 et le mettent en résidence surveillée à Troyes.
Le groupe Politzer
En 1942, Hélène et son mari font partie du Front national universitaire : rédaction de L’Université libre – qui paraît depuis novembre 1940 et qui en est à son 50e numéro – de La Pensée libre ; un numéro de cette dernière publication est en préparation lors de leur arrestation.
L’arrestation dans le cadre de l’affaire Pican-Cadras
Le 1er mars 1942, Jacques Solomon est arrêté à Paris. Il était filé par les policiers des brigades spéciales depuis l’arrestation de Georges Politzer, le 14 février précédent. Hélène est arrêtée le lendemain, au moment où elle retire de la consigne de la gare Saint-Lazare une valise qu’elle y a portée la veille, préparatifs pour déménager d’urgence, à cause des arrestations qui se succèdent depuis deux semaines dans leur groupe.
Le 10 mars, après quelques jours dans les bureaux des Renseignements généraux, Hélène est conduite au dépôt. Le 23 mars, elle est transférée à la Maison d’arrêt de la Santé, au secret.
Le 23 mai, Jacques Solomon est fusillé au Mont-Valérien
avec Georges Politzer ; Hélène est autorisée à lui dire adieu dans la
prison.
Le 24 août 1942, Hélène fait partie des détenues – dont trente-cinq futures “31000” – transférées au camp allemand du fort de Romainville, sur la commune des Lilas (Seine-Saint-Denis). Elle y enregistrée sous le matricule n° 685, juste devant Marie-Claude Vaillant-Couturier.
Le 22 janvier 1943, Hélène Solomon fait partie des
cent premières femmes otages transférées en camions au camp de Royallieu à
Compiègne (leurs fiches individuelles du Fort de Romainville indiquant « 22.1
Nach Compiègne uberstellt » : « transférée à Compiègne le
22.1 »). Le lendemain, un deuxième groupe de cent-vingt-deux détenues du
Fort qui les y rejoint, auquel s’ajoutent huit prisonnières extraites d’autres
lieux de détention (sept de la maison d’arrêt de Fresnes et une du dépôt de la
préfecture de police de Paris). À ce jour, aucun témoignage de rescapée du
premier transfert n’a été publié concernant les deux nuits et la journée
passées à Royallieu, et le récit éponyme de Charlotte Delbo ne commence qu’au
jour de la déportation… Mais Betty Jégouzo confirme ce départ en deux convois
séparés, partis un jour après l’autre du Fort de Romainville. Toutes passent la
nuit du 23 janvier à Royallieu, probablement dans un bâtiment du secteur C du
camp.
Le matin suivant, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne et montent dans les quatre derniers wagons (à bestiaux) d’un convoi dans lequel plus de 1450 détenus hommes ont été entassés la veille. Comme les autres déportés, la plupart d’entre elles jettent sur les voies des messages à destination de leurs proches, rédigés la veille ou à la hâte, dans l’entassement du wagon et les secousses des boggies (ces mots ne sont pas toujours parvenus à leur destinataire).
En gare de Halle (Allemagne), le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir. Le train y stationne toute la nuit. Le lendemain matin, après avoir été descendues et alignées sur un quai de débarquement de la gare de marchandises, elles sont conduites à pied au camp de femmes de Birkenau (B-Ia) où elles entrent en chantant La Marseillaise.
Hélène Solomon y est enregistrée sous le matricule
31684. Le numéro de chacune est immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche.
Pendant deux semaines, elles sont en quarantaine au Block n° 14, sans contact avec les autres détenues, donc provisoirement exemptées de travail dans les Kommandos, mais pas de corvée.
Le 3 février, la plupart des “31000” sont amenées à pied, par rangs de cinq, à Auschwitz-I, le camp-souche où se trouve l’administration, pour y être photographiées selon les principes de l’anthropométrie : vues de trois-quart, de face et de profil.
Le 12 février, les “31000” sont assignées au Block
26, entassées à mille détenues avec des Polonaises. Les “soupiraux” de leur
bâtiment de briques donnent sur la cour du Block 25, le “mouroir” du
camp des femmes où sont enfermées leurs compagnes prises à la “course” du 10
février (une sélection punitive). Les “31000” commencent à partir dans les Kommandos
de travail.
Au début de février 1943, une Polizei passe dans les rangs, pendant l’appel, un matin, et demandé s’il y avait parmi les “31000” des biologistes ou des chimistes. Hélène Solomon se désigne, avec quatre autres, et le 21 mars 1943, elle est envoyée au Stabsgebaude pour être affectée au Kommando agricole de Raïsko en formation, qui, à partir de juillet 1943, loge à Raisko même.
Ravensbrück et Oranienbourg-Sachsenhausen
En janvier 1944, huit “31000” de Raïsko sont transférées au KL Ravensbrück. Le 4 août, elles sont rejointes par les trente-cinq qui sont passées par la quarantaine de Birkenau. Le 14 août, Hélène Solomon fait partie des sept dernières “31000” de Raïsko transférées aussi à Ravensbrück, où elles arrivent le 16 août sans être inscrites comme “NN”.
En octobre 1944, Hélène est envoyée comme infirmière aux usines Bosch, Dreilinden, près de Berlin : elle se trouve séparée de ses camarades “31000”.
À la suite des bombardements sur la capitale et sa banlieue, ce Kommando est replié sur le KL Oranienbourg-Sachsenhausen le 18 avril 1945.
L’évacuation et la marche de la mort
Quelques jours plus tard, l’évacuation de ce dernier camp commence. Les déportés partent sur les routes en direction du nord, dans un couloir qui se rétrécit entre le front russe à l’est et le front allié à l’ouest. Escortés par les SS qui tuent les traînards, les prisonniers font une dizaine de kilomètres par jour, laissant leurs morts dans les fossés et sur les routes.
La Libération
Le 3 mai, les SS disparaissent. Hélène Solomon et un petit groupe de Françaises vont devant elles et rencontrent des soldats français qui les prennent en charge. Inutile de continuer à marcher ; il faut attendre l’armistice. Elles attendent dans un cantonnement américain, un ancien camp de vacances de la Jeunesse hitlérienne transformé en centre d’accueil.
Le 8 mai, la radio annonce l’armistice. Les déportées peuvent se mettre en route. Par camion, elles gagnent une gare d’où elles prennent un train qui traverse la Hollande et les dépose à Lille le 14 mai 1945 au soir. Centre d’accueil : formalités de rapatriement, vestiaire, carte d’identité, prime de rapatriement (200 marks).
Hélène réussit à téléphoner à ses parents, qui sont à la gare du Nord le lendemain.
Le retour
Le 21 octobre 1945, Hélène Solomon est élue députée communiste de Paris à l’Assemblée constituante – elle compte parmi les 33 première femmes députées – puis est réélue en juin 1946. Mais, très éprouvée par la déportation, elle doit renoncer à se présenter, en novembre de la même année, aux élections législatives, et c’est seulement en 1948 qu’elle peut reprendre une activité professionnelle en entrant comme bibliothécaire au Centre de documentation du CNRS.
Le 13 décembre 1947, elle témoigne à Cracovie (Pologne) au procès de quarante gardiens d’Auschwitz, dont Maria Mandel [Après Auschwitz n°18, déc.1947)]
En 1958, Hélène Solomon se remarie avec André Parreaux.
En 1965, interrogée par Charlotte Delbo, elle souffre encore – et de plus en plus – d’une très forte asthénie, d’une grande fatigabilité, d’arthrose cervicale et lombaire, de décalcification.
Hélène Parreaux décède le 16 janvier 1995.
Sources :
Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), page 269.
Site Wikipedia : Jacques Solomon, Hélène Langevin.
Auschwitz 1940-1945, Les problèmes fondamentaux de l’histoire du camp, ouvrage collectif sous la direction de Wacław Długoborski et Franciszek Piper, éd. du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau à Oświęcim, Pologne, version française 2011, volume IV, La Résistance, Henryk Swiebocki, pages 134 à 136.
MÉMOIRE VIVE
Cette notice biographique doit être considérée comme
un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour.
Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la
compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
Hélène Solomon-Langevin (1909-1995)
Jacques Solomon (1908-1942)
Hélène Solomon-Langevin (1909-1995)
Jacques Solomon (1908-1942)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire