Paul-Eric
Langevin
Emile
Benveniste et les études indo-européennes
Vladimir Jankelevitch : «Chercher l’essentiel inaperçu»
Le but de ce travail est de présenter le
parcours et l’œuvre du linguiste Emile Benveniste qui a travaillé en
linguistique générale et sur la grammaire comparée des langues
indo-européennes. On insistera sur les rapports étroits entre le travail de
Saussure et celui de Benveniste ainsi que sur le travail des linguistes qui se
sont inspirés de l’œuvre de ce dernier. On décrira ensuite brièvement l’intérêt
du domaine de la linguistique consacré aux études indo-européennes. On
s’intéressera ensuite de façon plus approfondie à la thèse de Benveniste et
plus particulièrement au neuvième chapitre de celle-ci intitulé «Esquisse d’une
théorie de la racine» qui présente un intérêt majeur dans le domaine
indo-européen et dans celui de la linguistique comparée.
Pour ce faire, on indiquera les principaux
aspects novateurs de ce travail, dans le domaine de la lexicologie, de la
phonologie et de la morphologie, en particulier le travail fait sur les
transformations phonologiques et la structure morphologique des racines de
l’indo-européen et des mots qui en découlent
dans les langues européennes dérivées. On détaillera ensuite l’intérêt
des tableaux présentés par l’auteur ainsi que celui des règles qu’il a déduites
de son travail concernant le comportement général des racines étudiées.
On dégagera enfin l’intérêt principal de ce
texte au sein de la grammaire comparée et plus particulièrement des théories
structuralistes naissantes qui seront ensuite appliquées à de nombreux champs
des sciences humaines. On terminera par une bibliographie des œuvres de
Benveniste, ainsi que des œuvres inspirées de son travail et enfin des
classiques dans le domaine des études indo-européennes.
Emile Benveniste
Emile Benveniste (né Ezra Benveniste) est né à Alep en
Syrie le 27 mai 1902. Il a un frère, Henri, né en 1901 et déporté en 1942 et
une sœur, Carmélia, née en 1904 et décédée en 1979, qui deviendra sa légataire
universelle. En 1913, il arrive à Paris pour faire ses études et suit le
séminaire de l’école rabbinique de la rue Vauquelin. Il passe son baccalauréat
en 1918 et s’inscrit ensuite à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Il obtient
une licence de lettres classiques en 1919 et une agrégation de grammaire en
1922. Cette meme année, il s’inscrit à
l’Ecole des Langues Orientales puis enseigne au collège Sévigné. Il est
naturalisé français en 1924 et change son prénom Ezra en Emile. Par la suite,
il fait un séjour en Inde comme précepteur dans la célèbre famille Tata entre
1922 et 1927. Puis il est l’élève du grand linguiste Antoine Meillet à l’Ecole
Pratique des Hautes Etudes. Il obtient un diplôme de cette école en 1927 sous
la direction de Joseph Vendryes et soutient sa thèse en 1935 sur les origines
de la formation des noms en indo-européen. Il a travaillé essentiellement sur
la grammaire comparée des langues indo-européennes ainsi que dans le domaine de
la linguistique générale puis de la sémantique générale. Il devient directeur
d’études à l’EPHE à partir de 1927 puis professeur de grammaire comparée au
Collège de France à partir de 1937.
Pendant la guerre, il est fait
prisonnier en 1940 puis s’évade et se réfugie en Suisse jusqu’en 1945. Après la
guerre, il devient secrétaire adjoint puis secrétaire de la Société de
Linguistique de Paris. En 1956, il fait un infarctus qui l’oblige à diminuer
son rythme de travail. Par la suite, en 1960, il devient membre de l’Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres puis directeur de l’Institut d’études
iraniennes, de la revue d’études arméniennes et président de l’association
internationale de sémiotique. Il continue d’enseigner au Collège de France
jusqu’en 1969, date à laquelle il subit un accident vasculaire cérébral et
devient aphasique. Les dernières années de sa vie sont alors très douloureuses
puisqu’il n’a plus que très partiellement ses facultés de parole mais garde
intacts son affectivité et son intellect. Il meurt à Versailles quelques années
après, le 3 octobre 1976. On peut se reporter pour plus de détails aux
excellentes notes biographiques rédigées par son élève Georges Redard.
Emile Benveniste est considéré
comme l’un des grands linguistes du vingtième siècle après Ferdinand de
Saussure, Antoine Meillet et quelques autres. Il a été l’un des spécialistes
des études indo-européennes, en particulier de l’iranien et a laissé derrière
lui quelques ouvrages majeurs dont les «Problèmes de linguistique générale», le
«Vocabulaire des institutions indo-européennes» ainsi que sa thèse sur la
formation des noms en indo-européen, suivie d’un court opuscule appelé «Noms
d’agents et noms d’actions en indo-européen». Il est représentatif du courant
et de la pensée structuralistes qui ont commencé à se développer en
linguistique pour ensuite se répandre à toutes les sciences humaines à partir
des années 60. Il est d’ailleurs le co-fondateur de la revue «l’Homme» avec
Claude Levi-Strauss en 1961. De février à octobre 1947, il effectue un voyage
en Iran et en Afghanistan pour étudier les langues et les dialectes locaux. Par
la suite, il visite aussi le Canada et les Etats-Unis entre 1952 et 1953 pour
étudier les dialectes des Haida, des Tlingit et des Eskimos.
De nombreux linguistes ont travaillé ou
travaillent encore sur son œuvre, parmi lesquels Michel Arrivé, Julia Kristeva,
Serge Martin, Guy Serbat, Gérard Dessons, Emilie Brunet, Irène Fenoglio, Chloé
Laplantine entre autres. En 1975, un ouvrage collectif dirigé par Julia
Kristeva, Jean-Claude Milner et Nicolas Ruwet a paru sous le titre «Langue,
discours, société, pour Emile Benveniste». Guy Serbat a dirigé les actes
du colloque international de l’université de Tours sur Benveniste en 1983,
ceux-ci ont été publiés en plusieurs volumes. Michel Arrivé a dirigé en 1995
avec Claudine Normand un colloque intitulé «Emile Benveniste, 20 ans
après». De nombreux livres ont été écrits sur son œuvre et on peut citer
aussi plusieurs articles écrits par Jean-Jacques Thomas, Charles de
Lamberterie, Stéphane Mosès, Jean-Michel Adam, Charles Malamoud, Guillaume
Paugam entre autres.
Ses dernières leçons au Collège de France datant
de 1968 et 1969 ont été publiées cette année par Irène Fenoglio aux éditions de
l’EHESS. Ses archives, constituant le fonds Benveniste, se situent
essentiellement à Paris, au département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale
(dons datant de 1976, 1981, 2004 et 2006), au Collège de France (papiers
déposés par le professeur Gérard Fussman, élève de Georges Redard) mais aussi à
l’Institut des Mémoires de l’Edition Contemporaine à Caen (Problèmes de syntaxe
générale, La flexion dans les langues non-indo-européennes, Les cas, Les
pronoms) ainsi qu’à l’université de Berne et aux Archives Littéraires en Suisse
(ce sont les archives ayant appartenu à Georges Redard ainsi que la bibliothèque
de Benveniste) et même en Alaska, à la Rasmuson Library de l’université de
Fairbanks. Ces archives ont été étudiées en particulier par Emilie Brunet. Dans
sa thèse datant de 1935, il cite notamment un auteur concernant les études
indo-européennes : il s’agit de Jerzy Kurylowicz, linguiste polonais qui a
écrit l’ouvrage intitulé «Etudes indo-européennes» à la même date.
Les études indo-européennes
Elles postulent l’existence d’une origine
commune aux différentes langues existant en Europe ainsi qu’au Moyen-Orient et
jusqu’en Inde. Ces langues sont regroupées par groupes et forment la famille
des langues indo-européennes, dont l’origine serait la langue hypothétique
appelée indo-européen commun qui aurait été parlée par les Proto-indo-européens
il y a plusieurs millénaires. Les auteurs qui se sont distingués dans ce travail au 19ème ainsi qu’au 20ème siècles sont entre
autres William Jones, Rasmus Rask, August Schleicher, Thomas Young ainsi que
bien sûr Ferdinand de Saussure, Antoine Meillet, Emile Benveniste, Joseph
Vendryes mais aussi Franz Bopp, Maurice Grammont, Georges Dumézil, Michel Bréal
ou encore Karl Brugmann.
Des scientifiques
d’autres disciplines se sont essayés dans le domaine de la linguistique et plus
particulièrement des études indo-européennes : c’est le cas du physicien
Thomas Young déjà cité, ainsi que du mathématicien Hermann Grassmann, auquel on
doit une règle phonétique, la loi de Grassmann. De nombreuses autres lois
phonétiques sont utilisées pour décrire les langues indo-européennes :
c’est le cas respectivement des lois de Brugmann, de Hirt, de Saussure, de Meillet,
entre autres. D’autres règles ont aussi leur importance dans ce domaine :
l’alternance vocalique, la réduction des vélaires, la loi de limitation en
grec, la seconde mutation consonantique en haut allemand.
Certains auteurs plus récents ont écrit
sur l’histoire des études indo-européennes comme Colin Renfrew, Xavier
Delamarre, Bernard Sergent. Ce domaine touche directement celui de la
linguistique comparée ainsi que celui de la phonétique historique. William
Jones identifie la famille des langues indo-européennes au 18ème
siècle, Thomas Young invente par la suite le terme de langues indo-européennes
et la Grammaire comparée de Franz
Bopp datant de 1866 marque le début des études indo-européennes. Karl Brugmann
fonde ensuite l’étude comparée de ces langues.
On peut citer quelques termes du
vocabulaire proto-indo-européen : mehter (mère), phter (père), bhrehter
(frère), swesor (sœur), dhughter (fille), suhnn (fils), nepot (neveu), daiuer
(beau-frère), snusos (belle-sœur), suekrn (belle-mère), dhghemon (quelqu’un),
hner (héros), wihro (homme), gweneh (femme). Les langues indo-européennes sont
classées en branches et sous-branches diverses qui découlent toutes des
indo-européens I, II et III et auxquelles il faut rajouter le cas des langues
anatoliennes qui sont un peu à part.
Les langues en question sont très
nombreuses mais on peut en donner quelques exemples : l’albanais,
l’anatolien, l’arménien, le balte, le celte, le germanique, le grec,
l’indo-iranien, l’indo-aryen, l’italique, le slave, le tokharien, le hittite,
le thrace… Elles étaient ou sont encore parlées par : les albanais, les
arméniens, les baltes, les celtes, les germains, les grecs, les indiens, les iraniens,
les kurdes, les latins, les scythes, les slaves… Différentes théories
ont été élaborées dans ce domaine comme la fable de Schleicher, qui est une
traduction d’une fable en plusieurs langues, ou l’hypothèse kourgane, qui est
une hypothèse sur le lieu d’origine des premiers indo-européens. Le linguiste
Merritt Ruhlen a d’ailleurs écrit notamment sur l’origine des langues, sur les
traces de la langue mère, transgressant ainsi l’ancien tabou de la Société de
Linguistique de Paris.
Georges
Dumézil a travaillé, lui, sur ce qu’il a appelé les fonctions tripartites
indo-européennes : la fonction sacrée exercée par les pretres et le clergé,
la fonction militaire exercée par les guerriers et la noblesse, et la fonction
productive exercée par les agriculteurs, les artisans, les commerçants (cf.
«Mythe et épopée»), qui selon lui structurent les sociétés européennes depuis
ces époques reculées. Dans son livre «Des steppes aux océans», André Martinet
fait par la suite en 1986 une très belle exposition des langues
indo-européennes et des pays dans lesquels elles sont parlées. On peut aussi
citer un texte de Gérard Fussman datant de 2003: «Entre fantasmes, science et
politique. L’entrée des Aryas en Inde».
D’autres
notions essentielles peuvent être vues dans ce domaine : l’étude des
langues, celle du vocabulaire, l’étude des copules ainsi que celle des racines
qu’aborde Benveniste dans sa thèse. Pour dégager l’importance de la thèse de
Benveniste et notamment du chapitre intitulé «Esquisse d’une théorie de la
racine», nous nous appuierons sur la notice rédigée par Charles de Lamberterie
au «Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues
indo-européennes» de Ferdinand de Saussure.
Esquisse
d’une théorie de la racine
C’est le neuvième chapitre de la thèse de Benveniste.
Dans ce chapitre, il propose des remarques analytiques sur les origines des
racines indo-européennes. Une certaine quantité de vocabulaire est donnée,
aussi bien en indo-européen que dans les langues qui en dérivent. Ces
principales langues sont : le hittite, le sanskrit, l’iranien, l’arménien,
le tokharien, le grec, le latin, le slave, le germanique, le baltique, le
celtique ou encore l’avestique, le vieux perse, le lituanien, le vieux
prussien, le gotique, le vieux haut allemand, le vieil islandais, le gaulois,
le gallois, l’irlandais.
A partir du vocabulaire fourni, les mots
sont décrits comme composés de racines en indo-européen commun. Le but de ce
chapitre est alors de dégager les règles structurales essentielles qui
gouvernent le comportement des racines. Ces racines ont pu etre reconstituées
avec l’aide de la méthode comparative. Elles sont de plusieurs types et sont
classées par genres au début du chapitre : il s’agit de racines
monosyllabiques (bher), dissyllabiques (gwey[schwa]), bilitères (do-),
trilitères (per-), quadrilitères (leuk-), quinquilitères (sneigwh) mais aussi de
racines à voyelle intérieure (men-), à voyelle initiale (ar-), à voyelle finale
(po-) ou encore à degré long (sed-), à degré zéro (dh[schwa]k-), à diphtongue
(peik-), à diphtongue longue (sreig-) ou à diphtongue brève (bheudh-).
1) Le vocabulaire employé
Le vocabulaire ainsi
formé contient aussi bien des verbes que des noms, des adjectifs ou des
expressions idiomatiques. On peut trouver les verbes suivants : etre (skr.
eszi), prendre (skr. epzi), manger (skr. adanzi), boire (po-), remplir (pel-),
briller (dei-), vouloir (wel-), enrouler (wel-), recevoir (dek-), accueillir
(dek-), enfermer (hatk-), recouvrir (hatk-), contenir (hatk-), frapper (pel-),
courir (der-), aller (gwem, gwa, gwu), nager (sna-), parler (aok-), vivre
(hwes-), tisser (otum), giter ([schwa]eu-), couler ([schwa]eu-), ruisseler
([schwa]eu-), dormir (swep-), recueillir (am-), moissonner ([schwa]em-), lier
(senw-), cuire (pekw-), rotir (pekw-), ensorceler (hwek-), tuer (hark-),
tromper (dabh-), acheter (skr. krinati), bruire (seu-), couper (sek-), trancher
(sker-), penser (smer-), tresser (spen-), vieillir (skr. jurvati), surveiller
(poi-), allaiter (dhei-), sucer (dha-), bruler (skr. dunoti), affliger (skr.
dunoti), suivre (sekw-), chauffer (tep-), porter (bher-), tendre (ten-),
réfléchir (men-), mesurer (med-), tenir (segh-).
En ce qui concerne les noms, on peut
trouver : mort (hitt. henkan), vent (hitt. huwant), tempete (hwa-), oiseau
([schwa2]ew-), manteau (skr. atka-), armure (skr. atka-), seau (gr. ame), vase
(skr. amatram), été (hitt. hamesha), éternité (av. ayu-), hommage (sep-),
regard (skr. sapati), eau (gr. udor), porte (werw-), ovin (gr. pou), troupeau
(gr. agele), graisse (pou), beurre (arm. kogi), soleil (saw-), incendie (davah),
tourment (doman).
Les adjectifs sont les suivants : fixe
(stek-), immobile (stek-), raide (stek-), ferme (av. staxta-), aigu (kerbh-).
Enfin, on peut aussi trouver quelques expressions toutes faites comme porter
atteinte, manger abondamment, se couvrir d’un voile, montrer du respect, aller
à sa perte. Les racines peuvent avoir une forme alternante, une forme fixe, une
forme consonantique. On peut rapprocher facilement certaines racines
indo-européennes des mots qui en ont découlé en latin, en allemand, en anglais
ou en français : par exemple, la racine pour le verbe vouloir, [wel-], a
donné «wollen» en allemand, «will» en anglais, «vouloir» en français. De
meme pour la racine «oiseau», [schwa-ew-], elle a donné [avis] en latin.
2) Les transformations phonologiques
et morphologiques
Pour prolonger le travail de Saussure dans son mémoire, Benveniste propose une
théorie de la formation des voyelles par combinaison de certaines d’entre
elles. Il faut savoir que dans son mémoire de 1879, Saussure développait une théorie
dite des laryngales qui expliquait certains traits du vocalisme en
indo-européen en formant les voyelles [e], [a], [o] d’une combinaison d’une
voyelle élémentaire [e] et d’éléments appelés laryngales.
Cette théorie a été reprise par
Kurylowicz et développée ici par Benveniste de la façon suivante. Deux voyelles
combinées donnent une nouvelle voyelle, tantot longue, tantot brève. Plus
particulièrement, c’est une voyelle combinée à un certain type de «schwa» qui
donne une voyelle. Les transformations phonologiques décrites sont notamment
l’apophonie (changement de timbre d’une voyelle) et l’amuissement (atténuation
ou disparition d’un phonème). On part des voyelles de départ [e], [a], [o] dont
on sait qu’elles forment le triangle vocalique de base et les combinaisons sont
alors les suivantes :
(1) [schwa] 1 + [e]
= [e], [schwa] 2 + [e] = [a], [schwa] 3 + [e] = [o]
[e] + [schwa] 1 = [e] long, [e] + [schwa]
2 = [a] long, [e] + [schwa] 3 = [o] long
L’auteur décrit ensuite certaines transformations
morphologiques subies par les racines pour donner des mots ou d’autres racines
dans les langues dérivées, en particulier le hittite. Voici lesquelles :
(2)[schwa1]es>eszi>il est
[schwa1]s-onti>as-anzi>ils sont [schwa1]ep>epzi>il prend [schwa1]p>apanzi>ils prennent [schwa1]ed>ed->manger
[schwa1]d> adanzi> ils mangent
[schwa1]dsk>adsk> manger abondamment
Résolution des initiales et finales vocaliques :
(3)ed>[schwa1]ed>sed
eg>[schwa2]eg>teg
okw>[schwa3]ekw>sekw
dhe>dhe[schwa1]>dher
bha>bhe[schwa2]>bher
po>pe[schwa]>pet
On remarque que ces transformations font
varier la racine et y ajoutent un préfixe ou un suffixe qui correspondent en
général à une personne dans la langue dérivée.
A ce titre, on peut se reporter à la
notice déjà citée de Charles de Lamberterie sur le mémoire de Saussure car il
décrit ce qui fait l’originalité et le caractère novateur de ce mémoire en comparant
en particulier le travail de Saussure et celui de Benveniste dans ses Problèmes
de linguistique générale.
Il
mentionne l’importance accordée par Saussure au phonème [A] dans les langues
indo-européennes, la pluralité des [a] dans la langue mère, ainsi que
l’existence des deux [o] gréco-italiques, la distinction des timbres [e], [o],
[a], le degré vocalique de la racine, la notion de coefficient sonantique
développée par l’auteur du Cours de linguistique générale, une étude des
voyelles et des consonnes nasales, la loi des palatales, celle de Brugmann (o>a-,
e>a) et beaucoup d’autres thèmes qui font que le travail de Saussure et
celui de Benveniste se complètent.
Selon Benveniste qui décrit le
travail de Saussure en 1964, «la théorie des alternances est la base de la
méthode». Les alternances étudiées par Saussure et reprises par Benveniste sont
du type suivant :
(4) bha-
/ bha, ey / i, phami / phamen, eimi / imen,
bha /
bheA, bha / bhA, pa-s / peas, sani / sa-, senA / snA;
Les exemples utilisés ici sont tirés du sanskrit
et du hittite. Dans sa théorie de la racine, Benveniste distingue deux formes
caractéristiques de racines indo-européennes qu’il appelle d’une part thème I
qui consiste en l’état «racine pleine et tonique + suffixe zéro» et
d’autre part thème II qui consiste en l’état «racine zéro + suffixe plein et
tonique».
Une racine donne deux thèmes différents, les
deux thèmes se déclinent ensuite en mots dérivés par mutation consonantique. Pour
passer du thème I au thème II, une consonne se déplace et se transforme en
général en une autre consonne ou bien se conserve et une semi-voyelle devient
une voyelle (/w/ > /u/) avec éventuellement la disparition d’un [schwa]
comme dans (gwey[schwa] > gwye). Cependant, en général, les [schwa] sont
conservés
(5)
I werg II wreg
I derk II drek
I perk II prek
I pel[schwa1] II ple[schwa1]
I deiw II dyeu
I pelk II plek
I [schwa]enk II [schwa]nek
I [schwa2]enk II [schwa2]nek
I wel[schwa1] II wle[schwa1]
I [schwa]eukw II [schwa]wekw
I [schwa]edk II [schwa]dek
I derw II dreu
I derm II drem
I der[schwa2] II dre[schwa2]
I [schwa]egwm II [schwa]gwem
L’auteur classe alors les racines dans
des tableaux à doubles, triples ou quadruples entrées et il indique ensuite les
formes verbales ou nominales qui en découlent dans les autres langues comme en
particulier le sanskrit. Chaque mot dans une langue donnée trouve donc sa
racine correspondante en indo-européen commun, qu’elle fasse partie du thème I
ou bien du thème II. Certains mots sont issus du thème I mais d’autres du thème
II et apparemment d’autres découlent au fur et à mesure des deux thèmes à la
fois. L’histoire d’un mot verbal ou nominal dans une langue donnée dépend donc
de la racine ou des racines dont il est issu.
3) Description des tableaux
Les tableaux présentés par l’auteur dans ce chapitre
sont au nombre de trois et décrivent la transformation des racines à partir des
thèmes I et II pour donner des mots dans les langues dérivées, dont
principalement le grec, le latin, le sanskrit. Les racines incluent parfois des
[schwa] mais pas systématiquement. Si c’est le cas, c’est le [schwa] utilisé
habituellement ou bien ceux notés de 1 à 3 qui correspondent en fait aux
laryngales utilisées et décrites par Saussure dans son mémoire. Cependant,
dans les langues dérivées, les mots n’incluent plus ces éléments. Selon les thèmes
utilisés, les mots dérivés ne sont pas de la meme nature. Dans le premier
tableau, chaque thème crée un ensemble de mots dérivés particulier.
Selon l’auteur, il y a deux
types de racines, les racines à suffixe et les racines à élargissement. La
distinction se fait par le fait que le suffixe est une forme alternante qui
peut prendre les valeurs –et/-t, -en/-n, -ek/-k par exemple alors que
l’élargissement est une forme fixe et consonantique de type t, n, k, etc. On
peut avoir une alternance suffixale comme pour w/eu, k/ek, g/eg, etc. Toute
racine est alors susceptible de suffixation. On peut avoir un suffixe ou un
élargissement mais pas deux suffixes ni un suffixe et deux élargissements.
Pour le thème I, il n’y a pas d’élargissement
possible mais pour le thème II, l’élargissement devient possible. L’importance
du degré vocalique ainsi que du timbre et du ton est notée. Les racines
quadrilitères sont des racines trilitères à suffixe de thème II. Les affixes
peuvent etre gutturales, dentales, labio-vélaires ou sonantes. Le présent à
infixe donne racine zéro + n + suffixe plein + désinence. Les racines à
initiale s + consonne sont quant à elles des schèmes quadrilitères ou
quinquilitères. Enfin, certaines règles sont données :
1) Le
degré zéro du thème verbal correspond à l’addition d’un double élargissement.
2) L’addition
de plus d’un élargissement à un thème verbal correspond à une formation
nominale.
3) Les
radicaux à double degré zéro correspondent à deux élargissements ou plus ou
bien à des formes nominales.
Dans le deuxième
tableau, cependant la différence est que chaque racine contient ici l’un des
éléments décrits précédemment et une autre différence importante est la
suivante : les mots dérivés eux-memes sont de nouveau dérivés pour donner
d’autres mots dans une autre langue, parfois contemporaine à la première,
parfois plus récente. Parfois, ce n’est pas un mot qui est décrit dans une
langue dérivée mais de nouveau une racine, comme en particulier dans le
deuxième tableau. Le troisième tableau utilise encore les thèmes I et II mais
donne un role particulier à l’avestique, une langue indienne dont Benveniste
était un spécialiste. Il s’agit ici tout spécialement de formes verbales de
l’avestique. Il écrit d’ailleurs un livre sur le sujet à la meme période que celle
de la publication de sa thèse en 1935.
Certains mots sont intéressants du fait
qu’ils ont donné par la suite des mots qui peuvent nous etre familiers en français
ou dans d’autres langues proches de nous : par exemple, la racine [sneu] a
donné en grec «neuron» dont découle manifestement le mot «neurone» en français.
De meme pour le mot «planus» en latin qui découle de la racine [ple] et qui a
donné en français les mots «plan», «planer»,… On retrouve la racine [pter] et
le mot grec «pteron» dans le mot français «ptérodactyle» qui décrit un animal
qui a des doigts au bout des ailes. Cependant, de manière générale, le mot
proche de nous est plus facile à reconnaitre dans les mots grec ou latin que
dans la racine indo-européenne car les changements à partir de la racine sont
importants.
Tableau 1 :
THEME I
|
|
THEME II
|
|
|
Werg
|
gr. wergon
|
wreg
|
gr. rekso
|
|
Perk
|
lit. Persu
|
prek
|
lat. prec-
|
|
Serw
|
lat. seru
|
sreu
|
skr. srav-
|
|
Senw
|
vha. Senawa
|
sneu
|
gr. neuron
|
|
Term
|
gr. terma
|
trem
|
v.isl. promr
|
|
ter [schwa1]
|
gr. teretron
|
tre [schwa1]
|
gr. treso
|
|
ter [schwa2]
|
hitt. tarh-
|
tre [schwa2]
|
lat. -trare, trans
|
|
pel [schwa2]
|
hitt. palh-
|
ple [schwa2]
|
lat. planus
|
|
gen [schwa1]
|
gr. gene
|
gne [schwa1]
|
gr. gne-
|
|
gen [schwa3]
|
lit. Zenklas
|
gne [schwa3]
|
v.sl. znati
|
|
Terw
|
skr. taruta-
|
treu
|
got. Priutan
|
|
Gwerbh
|
skr. garbhah
|
gwrebh
|
gr. brephos
|
|
Wers
|
skr. varsa
|
wres
|
v.irl. frass
|
|
[schwa2] erk
|
hitt. hark
|
[schwa2] rek
|
lit. rak-
|
|
[schwa2]erg
|
hitt. hark
|
[schwa2] reg
|
skr. rajatam
|
|
[schwa] eud
|
av. aoda
|
[schwa] wed
|
arm. get
|
|
[schwa] enbh
|
skr. ambha-
|
[schwa] nebh
|
gr. nephos
|
|
Petr
|
skr. patra-
|
pter-
|
gr. pteron
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Après les tableaux à entrées multiples, les déductions
sont résumées analytiquement dans des règles caractéristiques des différentes
racines. On trouve d’abord un ensemble de cinq règles fondamentales puis un
autre ensemble de six autres règles fondamentales. Ces deux groupes de règles
représentent les conclusions de ce travail sur la théorie de la racine en
indo-européen. On va donc les décrire un peu plus en détail pour essayer de
comprendre leur importance.
THEME I
|
|
THEME II
|
|
|
[schwa1] enw
|
arm. inn
|
[schwa1] neu
|
gr. ennewa
|
skr. nava
|
[schwa1] enk
|
gr. ogkos
|
[schwa1] nek
|
gr. enek
|
|
[schwa2] eug
|
lat. aug-
|
[schwa2] weg
|
gr. awekso
|
skr. vaks-
|
[schwa2] elg
|
gr. algos
|
[schwa2] leg
|
gr. alego
|
v.isl. lakr
|
[schwa2] elk
|
gr. alk
|
[schwa2] lek
|
gr. alekso
|
skr. raks
|
[schwa2] erg
|
gr. orguia
|
[schwa3] reg
|
gr. orego
|
lat. reg-
|
[schwa3] elk
|
gr. olk
|
[schwa3] lek
|
gr. oleko
|
|
[schwa3] eny
|
|
[schwa3] nei
|
gr. oneidos
|
arm. anicanem
|
Tableau 2
THEME I
|
THEME II
|
PRESENT A INFIXE
|
AVESTIQUE
|
Werw
|
Wreu
|
wrneu
|
Vrnoti
|
Kerw
|
Kreu
|
krneu
|
Krnoti
|
Gweiw
|
Gwyeu
|
gwineu
|
Jinoti
|
[schwa1] erw
|
[schwa1] reu
|
[schwa1] rneu
|
Rnoti
|
[schwa2] eiw
|
[schwa2] yeu
|
[schwa2] ineu
|
Inoti
|
gen [schwa1]
|
gne [schwa1]
|
gnne [schwa1]
|
Janati
|
pel [schwa1]
|
ple [schwa1]
|
plne [schwa1]
|
Prnati
|
peu [schwa1]
|
pwe [schwa1]
|
pune [schwa1]
|
Punati
|
[schwa1] eubh
|
[schwa1] webh
|
[schwa1] unebh
|
Unapti
|
Peis
|
Pyes
|
pines
|
Pinasti
|
Yeug
|
Yweg
|
yuneg
|
Yunakti
|
Bheng
|
Bhneg
|
bhnneg
|
bhanakti
|
[schwa3] erg
|
[schwa3] reg
|
[schwa3] rneg
|
Rnakti
|
[schwa1] engw
|
[schwa1] negw
|
[schwa1] nnegw
|
Anakti
|
Leikw
|
Lyekw
|
linekw
|
Rinakti
|
Bheid
|
Bhyed
|
bhined
|
Bhinatti
|
[schwa1] eud
|
[schwa1] wed
|
[schwa1] uned
|
Unatti
|
Weid
|
Wyed
|
wined
|
Vinasti
|
Tableau 3
4) Description des règles
Les règles décrites par Benveniste à propos des
racines sont les suivantes :
(1) La
racine indo-européenne est monosyllabique, trilitère, composée de la voyelle
fondamentale [e] entre deux consonnes différentes.
(2) Dans ce schème
constant : consonne + [e] + consonne, les consonnes peuvent etre de
n’importe quel ordre pourvu qu’elles soient différentes ; seule est exclue
la coexistence d’une sourde et d’une sonore aspirée.
(3) La racine fournit avec un suffixe deux thèmes
alternants : I racine pleine et tonique + suffixe zéro ; II racine
zéro + suffixe plein et tonique.
(4) Au
suffixe peut se joindre un seul élargissement, soit ajouté après le suffixe du
thème I, soit inséré entre l’élément radical et le suffixe du thème II
(infixation).
(5) L’addition
supplémentaire d’un élargissement ou d’un suffixe à un thème déjà suffixé et
élargi constitue une base exclusivement nominale.
Ces règles indiquent bien les
possibilités qu’ont les consonnes et les voyelles de se combiner entre elles
pour donner des racines valables ainsi que les deux types de thèmes dérivés. On
reconnait bien les caractéristiques des racines qui doivent etre
monosyllabiques, trilitères comme l’auteur le note dans l’introduction de la
théorie et l’alternance consonne-voyelle-consonne qui peut éventuellement
changer d’ordre si on passe aux thèmes déjà cités. De plus, la règle indique
qu’on ne peut avoir une sourde et une sonore en meme temps. La notion d’élargissement
est reprise mais a déjà été étudiée dans la théorie et on décrit ici dans les deux
dernières règles les possibilités de la présence ou non d’élargissements au
sein des racines. A partir de ces cinq règles essentielles, l’auteur en déduit
une autre série de règles, qui sont en fait des remarques qui en
découlent :
(1) Les
désinences verbales ne comptent aucun élément qui ne soit représenté parmi les
suffixes.
(2) La
relation formelle entre le participe présent et la troisième personne du
pluriel, entre les neutres en –r et la forme impersonnelle en –r, a été
reconnue depuis longtemps, ainsi que la similitude entre l’impératif et le
vocatif.
(3) L’alternance
des désinences reproduit celle des suffixes entre les thèmes verbaux I et II.
(4) La
première personne du pluriel primaire active en grec coincide sous tous les
rapports avec un neutre comme le montrent les prototypes qui ont meme vocalisme
radical, meme degré du suffixe, meme finale, meme place du ton.
(5) L’élément
[dh] qui entre dans les désinences médio-passives au pluriel s’identifie au
suffixe [dh].
(6) Le
[w] du parfait se présente comme un élargissement du thème II ; ce sont
les désinences et, en sanskrit, le redoublement qui orientent la forme
verbalement.
Ces dernières remarques constituent des
règles plus fines que dans la première série. On
ne doit pas s’étonner de la similarité évoquée entre l’impératif et le vocatif
puisque le vocatif est le cas utilisé pour les apostrophes et que l’impératif
en est une aussi en un sens. Ces règles sont plus précises puisqu’elles
avancent des détails concernant les mots dérivés des racines dans les langues
comme le grec (règle 4) ou le sanskrit (règle 6).
5) Importance de la théorie de la racine
La théorie de la racine indo-européenne est la clé de
voute de la thèse de Benveniste sur les origines de la formation des noms. Ce
chapitre est parfaitement structuré et possède sa logique propre. Il permet de
mieux comprendre comment fonctionnent les racines et leur lien immédiat avec
les mots dérivés est décrit de façon quasiment algébrique. Les grands groupes
de racines et de mots sont classés et décrits puis des règles structurales
essentielles concernant leur comportement sont dégagées.
La précision du travail de l’auteur est
de ce point de vue remarquable. Il s’agit d’un essai de morphologie et de
lexicologie indispensable pour bien comprendre comment fonctionne ce domaine de
la grammaire comparée. Le vocabulaire est riche et varié et les exemples
nombreux. Au bout d’une ou deux lectures, on saisit la rigueur avec laquelle
les racines sont liées entre elles et se transforment pour donner un lexique
immense dans un grand nombre de langues. L’intérêt est aussi porté sur les
rapports qu’on peut établir entre les différentes langues indo-européennes,
disparues ou actuelles. Cela pose des questions importantes de linguistique
comparée. Cela constitue une conclusion brillante à tout le travail effectué
dans l’ouvrage pour décrire comment s’articulent entre elles les différentes
langues étudiées.
Il s’agit aussi d’une suite
importante au travail de Saussure dans son mémoire sur le système primitif des
voyelles : Saussure étudiait le comportement phonologique des langues
indo-européennes, Benveniste poursuit son travail en décrivant leur
comportement morphologique et lexical. C’est bien ce qu’indique Charles de
Lamberterie dans sa notice descriptive du mémoire de Saussure. Ce sont les
acquis de Saussure et de Benveniste sur lesquels vont se reposer les linguistes
du 20ème siècle qui vont continuer à développer les études
indo-européennes et la grammaire comparée.
C’est aussi sur les bases de sa thèse que
Benveniste va construire son œuvre dans le domaine de la linguistique générale.
En particulier, quelques années plus tard, il écrit un petit livre dont le
titre est «Noms d’agent et noms d’action en indo-européen» et qui fait suite à
sa thèse. Ce livre est considéré par certains auteurs comme «le plus beau livre
de grammaire comparée qu’on ait écrit au 20ème siècle, le
chef-d’œuvre, la cime du structuralisme européen.
Conclusion
Ce sont donc les travaux précurseurs de
linguistes comme Saussure, Meillet ou Benveniste qui vont lancer l’intérêt en
sciences humaines pour le structuralisme dans la seconde moitié du 20ème
siècle, en commençant par Lévi-Strauss en anthropologie mais aussi dans les
champs les plus divers comme la littérature, la poésie, la philosophie, la psychanalyse.
Benveniste était un connaisseur des théories psychanalytiques et un lecteur de
Freud, qu’il a critiqué entre autres dans «Remarques sur la fonction du langage
dans la découverte freudienne», article qui fait partie du premier tome des
Problèmes de linguistique générale.
La carrière d’Emile Benveniste est donc
exemplaire et représente celle d’un grand linguiste du 20ème siècle,
qui a pu échanger avec ses pairs mais aussi avec de nombreux spécialistes
d’autres disciplines. Il a beaucoup voyagé autour du globe pour étudier des
langues pas encore décrites jusqu’ici et son travail théorique est très
conséquent puisqu’il a contribué à développer la linguistique générale et à
poser les bases des études de sémantique et de sémiotique. Dans le domaine de la poésie, il a travaillé
sur Baudelaire ; dans celui de la philosophie, on peut citer son article
«Catégories de pensée et catégories de langue» qui s’inspire de l’œuvre
d’Aristote. Il a aussi beaucoup échangé avec les théoriciens de la psychanalyse
puis s’en est détaché par la suite.
De nombreux auteurs ont souligné et
soulignent encore la profondeur de la pensée de Benveniste qui reste un auteur
très actuel et à redécouvrir. Une table ronde a d’ailleurs eu lieu récemment
autour de la sortie de ses cours au Collège de France aux éditions de l’EHESS,
au cours de laquelle de nombreux linguistes, historiens, philosophes et autres
spécialistes étaient présents.
Paul-Eric
Langevin
Bibliographie d’Emile Benveniste
-Sutra
des causes et des effets (1926)
-Essai
de grammaire sogdienne (1929)
-Origines
de la formation des noms en indo-européen (1935)
-Les infinitifs avestiques
(1935)
-Les mages dans l’ancien Iran (1938)
-Noms
d’agent et noms d’action en indo-européen (1948)
-Etudes sur la langue ossète (1959)
-Hittite
et indo-européen (1962)
-Titres
et noms propres en iranien ancien (1966)
-Le
vocabulaire des institutions indo-européennes (1969) (en 2 volumes)
-Problèmes de linguistique
générale (1974) (en 2 volumes)
-Dernières
leçons au Collège de France (2012)
Bibliographie indicative sur Emile Benveniste
Serbat, Guy, Emile Benveniste aujourd'hui, 1983
Dessons, Gérard, Émile Benveniste, l'invention du discours, 1993
Arrivé, Michel, Émile Benveniste, vingt ans après, 1995
Martin, Serge, Émile Benveniste pour vivre langage, 2009
Fenoglio, Irène, Conceptualisation
et textualisation chez Emile Benveniste, 2009 Laplantine, Chloé, Emile Benveniste, l’inconscient et le poème,
2011
Malamoud,
Charles, L’œuvre d’Emile Benveniste, article, 1971
Adam, Jean-Michel, Les problèmes de linguistique générale II,
article, 1976 Lamberterie, Charles de, L’apport d’Emile Benveniste, article,
1995
Mosès, Stéphane, Emile Benveniste et la linguistique du
dialogue, article, 2001 Paugam, Guillaume, Benveniste, le «je» et la langue, article, 2008
Bibliographie indicative sur les études indo-européennes
Schleicher,
August, Compendium der vergleichenden
Grammatik der indogermanischen Sprachen, 1862
Bopp, Franz, Grammaire comparée des langues indo-européennes, 1866
Saussure, Ferdinand de, Mémoire sur le système primitif des voyelles
dans les langues indo-européennes, 1879
Meillet, Antoine, Introduction à l'étude comparative des langues indo-européennes,
1903
Kurylowicz, Jerzy, Etudes indo-européennes, 1935
Delamarre, Xavier, Le vocabulaire indo-européen, lexique étymologique thématique, 1984
Renfrew, Colin, L’énigme indo-européenne, archéologie et langage, 1995
Sergent, Bernard, Les indo-européens, histoire, langues,
mythes, 1996
Emile Benveniste